mardi 11 décembre 2012

A BAD LIFE


Ton réveil sonne à 6h45. Tu l'éteins brusquement et tu soupires. T'accordant encore quelques minutes pour te réveiller, tu reposes la tête sur l'oreiller. Evidemment, tu te rendors. C'est ta mère qui te réveille, à 7h20.

M'enfin, t'as pas cours à 8h00?!

Et si. Tu as 5 minutes pour te préparer.

Tu cours partout, tu manges en t'habillant, tu te laves les dents et te coiffant de l'autre main, tu mets tes chaussures en cherchant tes écouteurs.

Tu sors de chez toi à 7h50. Tu cours dans les couloirs du métro, manquant mille fois de te fracasser le crâne en tombant dans l'escalator. Tu arrives sur la quai en sueur, mais trop tard, tu viens de le rater ; le prochain est dans 6 minutes. Tu attends. Tu n'as presque rien mangé, et en vissant tes écouteurs sur tes oreilles, tu penses au petit chocolat chaud fumant de chaleur qui t'attend au lycée, seul rayon de soleil dans ta journée.
Le métro ne met pas 6 minutes à arriver, évidemment ; ça serait bien trop facile. Tu comptes les métros qui arrivent en face ; ça en fait bientôt quatre quand le tien arrive. Les gens sortent et te bousculent, te marchent sur les pieds sans te laisser entrer. Tu réussis à te glisser de justesse dans la rame, juste quand le bip retentit. Les portes se ferment, mais un abruti les maintient ouvertes. Le conducteur, agacé, nous demande de bien vouloir lâcher les portes.

Sinon, on ne démarrera pas, ajoute-t-il.
Comme si on le savait pas... Enfin, les portes se ferment et le métro démarre. Tu regardes ton portable. 7h59. Et merde...

                                                                         [...]
Tu sors à 18h30 du cours de latin - Dieu ait pitié de ta pauvre âme.
Dehors, il fait déjà nuit, et il fait si froid que le bout de tes doigts est gelé et te brûle comme mille aiguilles brûlées au fer rouge. Ton bus met trop longtemps à arriver. Tu as si faim, si sommeil et si froid que tu manque de t'évanouir en l'attendant. Et quand il arrive à ton niveau, tu attends, seul, dans le froid, que ce con de chauffeur roupillant sur son volant daigne t'ouvrir la porte.

À l'intérieur, c'est bondé. Tu te faufiles entre les mères et leurs poussettes qui monopolisent presque toute la place et les vieilles avec leurs caddies, qui monopolisent le reste. Le bus démarre, et les bébés dans leurs landaus se mettent à hurler.

En face de toi, une vieille bonne femme te regarde de travers, agrippée à la rampe comme un naufragé à une bouée (ou un ivrogne à sa bouteille, si vous préférez). Vous êtes si serrés les uns contre les autres que tu as du mal à respirer. Le bruit est assourdissant, et le bus n'avance pas.

Quand arrive ton arrêt, tu essaies de te frayer un chemin à travers cette foule hurlante et transpirante. Les mamies ne font aucun effort pour te laisser passer, et te regardent mal, quand tu leur demande de se pousser, comme si tu venais de les agresser, toi, petit ado innocent et maltraité par la vie.

Tu réussis enfin à convaincre les vieilles mégères de se décaler de quelques milimètre, et au prix d'un effort surhumain de contorsion, entre un poteau et un imbécile au téléphone qui ne veut pas t'écouter, tu réussis à entrevoir la porte.

Le bip d'alarme retentit et tu te précipites vers les portes, mais un abruti d'homme d'affaire entre précipitamment et te balance sa mallette en métal dans le genoux. Tu retiens un cri. L'homme n'a rien vu, trop occupé à pianoter sur son Blackberry. À ce moment là, te prend soudain l'envie irréprésible de lui casser la gueule avec sa putain de mallette. Ou de lui tirer une balle dans la tête, aussi.
Mais comme tu n'as ni le pistolet, ni l'envie de salir ton manteau avec le sang d'un connard, tu te retiens. Et tu attends l'arrêt suivant pour sortir.
                             *Il a de la chance*
A l'arrêt suivant, tu pousses les gens pour accéder à la sortie. Cette fois, tu es prévenu ; tu joues des coudes, pinces la bonne femme, et donnes un violent coup de pied dans le tibia de l'homme d'affaire. Heureusement, vous êtes si serrés qu'il ne peut savoir d'où ça vient, et tu réussis à sortir du bus avant qu'il ne te remarque, toi, vermiceau misérable qui a défié le grand asticot.


Tu marches rapidement dans les rues désertes. Le feu est vert, tu traverses, mais ce connard de chauffeur, qui a mit 10minutes à t'ouvrir la porte du bus auparavant, manque de t'écraser. Tu l'insultes. Il a pas vu le feu vert, celui là?! Tu marches vers chez toi de plus en plus rapidement, remontes ta rue et songes à cette vie déprimante qui n'a aucun sens.

Quand tu arrives chez toi, tes frères et soeurs ont raflé tes gâteaux préférés. La cuisine ressemble à un champs de bataille après la guerre ; il ne reste plus rien, sauf les petites merdes, les trucs que personne n'a jamais aimé mais que ta mère se borne à acheter. Du genre, les gâteaux secs, les madeleines au citron industrielles et les "barquettes" à l'abricot.

Tu soupires, et tu vas directement dans ta chambre. Elle est bordélique ; 1m³ de vêtements roulés en boule, de cahiers jetés à terre et de merdes en tout genre. Tu es tellement fatigué ; tu n'as plus assez d'énergie ni de courage pour la ranger.
Tu t'affales sur ton lit. Mais tu te rappelles soudain avec effroi tous les devoirs, et les trois contrôles, que tu as pour le lendemain. Tu soupires encore, et des larmes d'épuisement te montent aux yeux. Il est 19h30 ; tu vas devoir sacrifier quelques de tes précieuses heures de sommeil.

Et tu songes que la vie n'a aucun sens. Apprendre pendant les vingt-cinq premières années de sa vie pour travailler durant les quarante suivantes. C'est donc ça, notre but? L'âge de la vraie liberté, sans aucun travail, où tu peux enfin faire vraiment ce que tu veux, serait la retraite?

Tu fais le calcul. Encore cinquante ans à tenir.

Tu pousses un autre long soupir de désespoir, en attrapant le vieux revolver de ton grand père sur l'étagère.

Et tu appuies sur la détente.


La raison de tout ceci...? Ah oui, c'est vrai. La machine à café était hors service...

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