vendredi 31 août 2012

England, a wonderland...?!


Affalé sur la banquette d'un restaurant, je tourne la tête vers la table voisine.
Deux jumeaux, d'à peu près mon âge, siègent sur la banquette, face à leurs parents. Un gars, une fille. Je constate avec stupéfaction qu'ils se tiennent si droits qu'ils pourraient avoir un balai à la place du dos.
 
Non, sérieux! Un BALAI!

Pire. Ils portent tous deux des tenues ASSORTIES. La fille une robe longue, son frère un costume, en soie, évidemment. Mais ATTENTION! La robe en bleu, le costard en vert pâle. Et le détail CHOC : ils portent tous deux sur la tête quelque chose de la couleur de la tenue de l'autre... Vous saisissez ?!
 
La fille porte un ruban orné d'une énorme fleur autour de la tête ... Verte. Le gars, un ridicule chapeau melon, exactement du même bleu que la robe de sa jumelle.
 
Non, mais ça va trop loin, là...

VOUS VOUS RENDEZ COMPTE ?!

On est quand même en été, dans un p'tit resto, sur la PLAGE!

Toujours aussi raides, les coudes serrés, la tête haute, les cheveux lisses, ils discutent sagement avec leurs parents dans un anglais parfait.

[Bon d'accord, ils sont anglais, donc c'est normal, mais voir quelqu'un parler anglais m'impressionne toujours... Vu mon pitoyable niveau !]

Vous voyez le tableau ?! Deux enfants modèles, PARFAITS, discutant politique et économie avec leurs parents.

[Parce que, vu le schéma, je doute qu'ils parlent d'autre chose ...]

Et moi, en face, me sentant tout de suite PLOUC, avec mon minable t-shirt noir imprimé et mon jean délavé, mes cheveux emmêlés et gonflés par le sel de la mer, presque allongé sur la banquette et discutant non de politique mais de Jackie Chan (Non mais c'est vrai, quoi : vous pensez vraiment que ce dieu des arts martiaux est humain ?! Pas moi!)
 
Mais le clou du spectacle arriva quelques instants plus tard.
 
Les commandes de la table d'en face arrivent ; et je ne peux empêcher mon esprit trop curieux (J'vous l'certifie, la curiosité est une grande qualité !) de regarder ce que les deux Enfants-Parfaits avaient prit.
 
Horrifié, je détournais aussitôt mon regard de la chose qui gisait dans leurs assiettes. Du POISSON. Et de la SALADE.
 
Non mais sérieux, on est en vacances ou non ?! On est en Italie ou non ?! Vous vous rendez compte ?! AAAARGH !

Mais ces pauv' petits ne sont pas humains. Des robots, des extra-terrestres, des clones sans cervelle, tout ce que vous voulez, mais pas des humains. Pas possible, non non non.
Et moi, avec mes pâtes Al'Arrabiata saupoudrées de Parmiggiano, je les regardai, la bouche grande ouverte. O-O

Pauvres petits.
Que vont-ils devenir plus tard ?!
Leur avenir est déjà tout tracé.
Le gars reprendra l'entreprise du pèren dont il veut sûrement être la copie parfaite. 
La fille épousera un bon mari, qui gagnera beaucoup tandis qu'elle restera à la maison, alternant grossesses et régimes, se demandant continuellement si son mari la trompe, et n'ayant pour seule distraction son thé de 17h avec ses rares amies, évidemment aussi fortunées et anglaises qu'elle, et avec qui elle ne sera jamais vraient proche.

Pauvres, pauvres petits.

Dans un élan de compassion inconditionnelle, je me décidai à faire leur éducation. Je commandais la meilleure des glaces - Stracciatella, Framboise et coulis de Cioccolato - et, devant leurs yeux ébahis (où était-ce de l'émerveillement ?!), je me délectai de ce dessert fabuleux, lentement, pour qu'ils retiennent bien, et qu'ils comprennent ce que c'est que la vraie vie ...

#JeFaitLeBienAutourDeMoi!

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